6 sept.-28 nov. 2023 Bordeaux (France)

Appel à contribution

 Ce projet de recherche s’articule autour de trois axes de recherche interdisciplinaires et complémentaires, qui donneront lieu à trois journées d’étude :


1)      Quelles théories queers et féministes de la justice ?  

Un premier axe vise à cartographier les différentes (re)définitions et critiques féministes et queers de la notion de justice, et à interroger la place de ce concept au sein desdits mouvements. Ce qui soulève plusieurs questions de recherche (qui sont non exhaustives) : 

- Quels sont les apports du genre en tant que concept pour penser la justice ? Quelles sont les difficultés d’ordre épistémologique et/ou politique pour y parvenir ? La justice entendue comme valeur morale est-elle un « outil » incapable de remettre en cause la domination patriarcale[1] ?

- Quelles sont les différentes théories de la justice au sein des courants mobilisant le genre de façon politique et critique ? Existe-t-il un dialogue ou une synthèse entre ces différentes conceptions de la justice ? Des propositions s’intéressant au care, à l’écoféminisme et à l’intersectionnalité seront particulièrement les bienvenues.

- Quelles sont les représentations de la justice (et ses critiques) au sein de la littérature queer, féministe et antiraciste ? En quoi la littérature constitue-elle un moyen de penser la justice ?

 

2)      Quels sont les apports des critical legal studies pour penser la justice et ses applications ?

Ce deuxième axe de recherche s’intéresse à la réception des critiques féministes et queers au sein des legal studies. Dans le prolongement des débats féministes sur le rôle de l’État, il s’agit de questionner la place de l’État de droit et du constitutionnalisme libéral. Plusieurs pistes de recherche semblent particulièrement fécondes :

- Qu’est-ce que la critique féministe du droit[2] et la théorie féministe du droit[3] ? Le droit constitue-t-il une ressource ou un obstacle pour lutter contre les injustices ? 

- L’État (de droit) et le système judiciaire sont-ils intrinsèquement patriarcaux ? Est-il possible de rendre la justice féministe[4]?

- Quelle place pour les droits fondamentaux et la « rhétorique des droits » au sein des mouvements féministes, queers et antiracistes aujourd’hui[5] ?

 

3)      La Justice, une notion utile pour appréhender les mouvements queers, féministes et antiracistes ?

Dans la continuité des précédents axes qui interrogent la place de la justice au sein des études de genre, il semble nécessaire de mobiliser la notion de justice pour cartographier les courants revendiquant le genre en tant que projet politique (au sens militant et activiste). En effet, le concept de justice peut constituer une clé de compréhension opportune des conflits présents au sein de la galaxie féministe intersectionnelle. Ces conflits illustrent ainsi l’importance des interpénétrations conflictuelles des concepts périphériques de la justice, ou des problèmes générés par leur mise en application[6]

Ce troisième axe soulève donc plusieurs questions de recherche (non exhaustives) : 

- Quel est l’apport de la notion de Justice pour penser, classer, cartographier les mouvements mobilisant politiquement le concept de genre ? Quelles sont les représentations de la justice au sein de ces mouvements ? 

- Quelle réception de la désobéissance civile au sein des mouvements féministes, queers et antiracistes ? Quelles sont les pratiques et les formes de mobilisation relevant de la désobéissance civile en leur sein ? 

- Comment penser les conflits et les critiques « internes » aux mouvements féministes, queers et antiracistes à partir de la notion de Justice ? Des propositions sur les conflits internes des mouvements et courants féministes seront particulièrement les bienvenues. 

 
 


[1] LORDE, Audre. The master’s tools will never dismantle the master’s house. Feminist postcolonial theory: A reader, 2003, vol. 25, p. 27.

[2] ROCA I ESCODA Marta, DELAGE Pauline, CHETCUTI-OSOROVITZ Natacha, « Quand la critique féministe renouvelle le droit. Présentation du dossier », Droit et société, 2018/2 (N° 99), p. 277-285. DOI : 10.3917/drs1.099.0277.

[3] HENNETTE-VAUCHEZ Stéphanie, GIRARD Charlotte, « Théories du genre et théorie du droit », Savoir/Agir, 2012/2 (n° 20), p. 53-59. DOI : 10.3917/sava.020.0053.

[4] MACKINNON, Catharine A. Feminism, Marxism, method, and the state: An agenda for theory. Signs: Journal of women in culture and society, 1982, vol. 7, no 3, p. 515-544.

[5] BINION, Gayle. Human rights: A feminist perspective. Hum. Rts. Q., 1995, vol. 17, p. 509. Voir également : KIM, Nancy. Toward a feminist theory of human rights: Straddling the fence between western imperialism and uncritical absolutism. Colum. Hum. Rts. L. Rev., 1993, vol. 25, p. 49.

[6] CRENSHAW, Kimberle. Demarginalizing the intersection of race and sex: a black feminist critique of antidiscrimination doctrine, feminist theory and antiracist politics. Droit et société, 2021, vol. 108, p. 465.

voir également : RICH, Adrienne. On lies, secrets, and silence: Selected prose 1966-1978. WW Norton & Company, 1995.

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